Révolution
Le peuple était endormi Par des siècles de misère De longues guerres et de famines Priant pour la paix éternelle Dans le brouillard du matin Un jour du mois de septembre Debout valeureux et fier Face à l’armée du batave Désireux de lui soumettre Une volonté linguistique
Dans le charnier de la Place Gisaient des hommes sacrifiés Nombres valeureux mutilés En larme face au désastre Qu’offrait encore la brume Avant qu’elle ne se dissipe Au-dessus de la ligne de front Sur le Parc Royal déserté Par l’artillerie en fuite Vers la terre des Pays-Bas
Ô doux Jésus quelle fut la joie ! Cette liberté retrouvée Après autant de décennies Voire des siècles de soumissions Aux puissances étrangères De pouvoir tracer lui-même Le chemin de sa destinée L’Histoire de ses blessures Et entonner main dans la main L’hymne à son nouveau berceau
Écrit sur un coin de table De la taverne l’Aigle d’or Sous la plume de Jenneval Acteur et poète français Mort dans cette révolution Allons enfants de la patrie Fut relégué aux oubliettes Au profit de la Brabançonne « Et tu verrais tomber l’Orange De l’arbre de la liberté »
Par le rêve et le courage Malgré les obstacles sans nom Bâtir le socle de l’union Neuve version bercée d’illusion De la Brabançonne chérie Chantée d’une seule voix Musique d’un peuple heureux Invincible et audacieux « Aura pour devise immortelle Le Roi, la Loi, la Liberté »
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Au-delà de nos rancœurs
Mon ami ne me laisse pas périr Offre-moi une bouffée d’espoir Et partage cette belle terre Que nous avons gagnée ensemble L’un au fond d’une fosse minière L’autre dans un champ de betteraves Unis dans de longues souffrances Des multiples invasions étrangères Appétits féroces de Napoléon À celui de Guillaume d’Orange De la poudre des canons meurtriers Qui coûta la jambe à l’un des nôtres Mais qui nous offrit la liberté De choisir notre propre destinée Malgré nos perpétuelles différences Puisque nous avons inventé ensemble La richesse unique du compromis De vivre l’un à côté de l’autre À défaut de vivre l’un avec l’autre Au grand regret du premier souverain Mon ami ne me laisse pas mourir Sur cette scène de théâtre Berceau de notre révolution Fierté d’un peuple courageux Qui rêva à des jours meilleurs Bien au-delà de nos rancoeurs Puisque jadis l’un de nous fut prospère Jalousé pour sa technique picturale Et l’art de son florissant commerce Bien avant l’éclosion de nos forges Rage du feu au cœur du Pays Noir Tant convoité par les envahisseurs Que nous avons boutés hors de chez nous À coup d’insoumissions et de refus Du grain de folie qui nous appartient Nous unis sur les chemins chaotiques Pour un futur tout aussi poétique Improbable mariage de raison D’amour et de haine réciproque Depuis la pose de la première pierre |